J’ai découvert la poésie vers l’âge de 25 ans, d’abord en l’entendant chantée (Rimbaud, Verlaine, Aragon, Villon…) par Léo Ferré. Puis, un jour, je l’ai lue. Ce n’étaient plus tout à fait les mêmes poèmes. Je les entendais intérieurement avec un autre rythme, une autre musique plus personnelle. J’ai continué à lire, à en écrire moi-même pendant des années. Puis plus rien. Aujourd’hui je suis un peu comme dans “Sur la terre un homme observe le monde” de Valérie Crenleux, je veux prendre le temps de regarder le monde, de le comprendre, d’en parler. Mais vous m’avez surprise, prise au dépourvu en me donnant à voir ces vidéos. Elles donnent à la poésie une dimension pour moi jusqu’alors inconnue.
J’ai vu revivre un délicieux poème de Lewis Carroll dans “La chanson du jardinier fou”, un conte fantastique de Henri Michaux dans “Les Meidosems”, Baudelaire confronté au goût du jour artificiel dans “L’albatros…” ; j’ai vu comment, en combinant une voix, des lettres et des visages extraordinaires, les voyelles japonaises de Takahito Limura peuvent devenir poésie.
Comment vivent les gens sans la poésie ? Oui, je sais, on peut vivre aussi sans musique, sans amour, sans couleur, sans liberté… mais ne pensez-vous pas que c’est moins bien ? En tout cas, comme le disait Antonin Artaud, “Il n’y a rien de plus inutile qu’un corps sans organe”. Vive la dématérialisation du corps. Devenons des flux, des puissances, des intensités…
Claudia Matarumba,1999
I discovered Poetry when i was 25 when i first heard it singing ( Rimbaud, Verlaine, Aragon, Villon)by Leo Ferré.Then one day I read it. It was not exactly the same poetry.
I heard it inside on a different rythm, on a more personal music. I went on reading, writing for years. Then nothing.
Today i'm a bit like « a man on the earth observing the world » by Valérie Crenleux, i want to take time for observing the World, to understand it, to talk about it. But you astonished me, completely meaningless face to those videos.
They arise Poetry to another dimension that I did not know before. I could observe the revival of such a delicious poem by Lewis Caroll, in « the mad gardener's song », or a fantastic tale by Henri Mochaux, in « Les Meidosems”, and Baudelaire facing the faking taste of the day in the« Albatros » ; I saw how Takahito Limura's japanese vowels could bebome poetry via the melting of a voice with some letters and extraordinay faces.
How can people live without Poetry ? I know that we can live without music, with no love, no colours, no freedom... but don't you think it is less good ? Anyway as Antonin Arthaud said « there is nothing as useless as a body with no organs »
Long life to the dematerialization of the body. Let's be fluxes, powers, strengths...
Claudia Matarumba,1999